2 façons de sentir un parfum

Créer et travailler un parfum, c’est l’art de manier et d’assembler des odeurs.

L’assemblage prend la forme d’une formule, comme une recette avec ses ingrédients (on utilisera plutôt le mot « matières premières » en parfumerie) et leur dosage. Les formules de parfum sont ensuite pesées en laboratoire, où sont conservées les matières premières, et prennent la forme de petites fioles que l’on appelle « essais ».

Mais concrètement, comment sentons-nous le résultat de cet assemblage, de ces « essais » ?

Il existe, dans le cas de la parfumerie fine, deux façons de sentir un parfum : sur papier et sur peau.

Bonne lecture 💌

 
 

AGENDA

 
 

Sentir un parfum sur papier

 
 

Il existe, dans le cas de la parfumerie fine, deux façons de sentir : sur papier - celui-ci s’amuse à prendre tantôt le nom de « touche à parfum », « touche à sentir » ou encore « mouillette » pour les intimes - et sur peau. Dans ce paragraphe, il est question de cette fameuse mouillette.

La mouillette est au parfumeur, ce que le stylo (ou le clavier) est à l’écrivain. En plus du nez et de la palette d’ingrédients, la mouillette est l’outil indispensable pour sentir, évaluer, analyser, comparer et travailler un parfum dans les moindres détails olfactifs.

Ces mouillettes sont fabriquées à partir d’un papier tout à fait spécial. En effet, nous ne pouvons pas utiliser n’importe quel papier qui traîne. Le papier utilisé est un papier haut de gamme en fibres longues, que l’on nomme « papier buvard » permettant de capturer l’odeur entre ses fibres et de restituer fidèlement les fragrances grâce à son ph neutre.

On dispose ensuite ces mouillettes entre les doigts, de manière à créer un bel éventail dans la main. Les mouillettes sont suffisamment espacées pour que les odeurs ne se mélangent pas et que chaque parfum s'exprime dans son propre espace.

Ces mouillettes finissent leur journée sur un porte-mouillettes - objet tout à fait utile lorsqu’elles sont nombreuses – pour être par la suite recyclées. Les préférées et les plus utilisées par les parfumeurs et les métiers de la parfumerie sont souvent celles qui sont larges à bout rond.

Sentir un parfum sur peau

 

La deuxième façon de sentir un parfum en parfumerie fine s'expérimente sur un support complètement différent du papier, celui de la peau.

La peau est littéralement là où le parfum finira sa vie, là où il sera vaporisé in fine. La peau est un support olfactif vivant qui rend l’aventure de création encore plus exaltante, précise et minutieuse.

C’est là, dans le grain de la peau, selon qu’elle soit acide ou peu, selon ce que nous avons mangé, selon que nous soyons femme ou homme, âgé ou jeune, que le parfum se déploie, prend du galon, s’exprime à sa façon, s’accompli et diffuse autour de lui sa signature ou s’entête et retombe comme un soufflé.

 
 
 

Sentir un parfum sur peau demande d’avoir des gens prêts à la prêter pour que les parfumeurs puissent évaluer leur parfum dans des conditions réelles, véritables. Les différents essais sont en général vaporisés sur la peau à l’intérieur du bras par 3 ou 4 maximum, et sont disposés à l’aveugle, à l’aide de gommettes colorées. A tour de rôle, le parfum et tous les experts olfactifs sentent sur la peau les différents essais sans savoir quel parfum correspond à quelle gommette.

La peau pourra confirmer la direction olfactive et la faire progresser vers plus de sillage, de gérer l’impact olfactif au contact de la peau, de polir les dosages et les équilibres. Et parfois, de supprimer et de remettre en question tout un travail fait jusque-là.

Si la mouillette est neutre, la peau, elle, vient colorer avec son unicité l’œuvre olfactive.

Travailler un parfum sans le sentir sur la peau, c’est rester en terrain conquis. Car oui, il existe autant de parfums différents qu’il existe de peau unique. La peau provoque, questionne, écoute, interrompt et dialogue avec ce que le parfum a à dire.

Le jeu d’équilibre peau-papier et la question du temps

Composer et développer un parfum relève d’un travail des plus exigeants.

En effet, il faut savoir qu’un parfum ne sent pas pareil sur mouillette, sur peau, dès qu’on l’a vaporisé ou 5 minutes plus tard, au bout de deux heures et à la fin de la journée. Le parfum est vivant, il change et se déploie de façon différente sur chaque support et à chaque instant.

C’est donc un travail intense et de toutes les concentrations : un parfum peut être absolument génial sur mouillette, et finalement il devient silencieux, « trop ci » ou « pas assez ça ». Un parfum qui n’était pas favori sur mouillette peut être follement surprenant sur la peau. Et au bout de 5 minutes, cela peut complètement changer, comme à la fin de la journée. Le travail est, lui aussi, vivant, changeant et instable durant les phases de développement.

 
 
 

Au quotidien, le parfumeur compose, évalue et affine ses essais au quotidien grâce à la mouillette. Une fois satisfait de l’équilibre du parfum, le parfumeur et tous les experts olfactifs avec lesquels il travaille font passer une sélection d’essais parfumés, comme un casting, à l’épreuve de la peau.

La peau intervient souvent dans un deuxième temps, lorsque le parfum est suffisamment « mature » dans sa réflexion, c’est-à-dire que la structure olfactive est là et que les grandes directions olfactives sur papier ont été prises.

Le parfumeur, pour certains projets, porte lui-même sur sa peau, le parfum qu’il développe. En effet, cela lui permet de vivre avec le parfum tout au long de la journée ou de la soirée pour l’évaluer et pouvoir le retravailler le lendemain à partir de son propre vécu avec le parfum. Mais c’est un luxe qu’il n’est pas toujours possible de réaliser car la réalité pour de nombreux parfumeurs est qu’ils travaillent sur de multiples projets en même temps.

Composer un parfum est un travail de grande minutie olfactive qui se fait chaque jour, pendant plusieurs semaines, mois ou années, en de multiples essais, à l’aveugle et au nez en usant de gommettes colorées, pour trouver une signature aboutie et un équilibre parfait sur la peau.

Comment nous avons fait chez Bontemps Paris

Chez Bontemps, nous avons développé nos propres mouillettes personnalisées avec Scentis, le spécialiste Grassois des touches à sentir, fabriquées au cœur du pays de Grasse à partir d’un papier de haute qualité, aux fibres longues pour capturer l’essence du parfum et au PH neutre pour restituer fidèlement l’odeur. Un papier certifié FSC que nous avons souhaité garder dans son aspect brut.

Puis, nous avons senti et travaillé, avec joie et sérieux à la fois, depuis un an et tous les jours, nos parfums, sur papier et sur notre propre peau, pour qu’ils soient un délice à porter, avec leur propre touche de caractère.

 
 

📌 Retrouvez-nous sur Instagram @bontempsparfumeur_paris pour découvrir nos coulisses au quotidien.

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