CONSEILS, OLFACTION, ODORAT, PARFUM Julie Gallo CONSEILS, OLFACTION, ODORAT, PARFUM Julie Gallo

Quelle est la différence entre odorat et olfaction ?

Ceci est un voyage au cœur du sens olfactif. Voici nos conseils accompagné d’un lexique simple pour mettre à nue la complexité qui habille ces mots.

 

Ceci est un voyage au cœur du sens olfactif.

Comment parler de parfum sans revenir aux sources, sans évoquer ce qui fait notre passion du métier de parfumeur ou d’amateur de parfum : sentir.

 
 

Sentir, sans omettre tous les mots satellites qui gravitent autour de ces six lettres : le sens olfactif, l’odorat, l’olfaction, les familles olfactives, les parfums, les odeurs, les effluves, les essences, les molécules odorantes et autres corps odoriférants.

Chez Bontemps, nous sommes guidés par une mission simple qui nous tient terriblement à coeur, celle de partager une parfumerie de passion et de transmettre les mots du parfum.

Voici nos conseils accompagné d’un lexique simple pour mettre à nue la complexité qui habille ce verbe, en espérant vous donner les repères pour cheminer dans le monde du parfum, dans une allure aussi curieuse que joyeuse.

 

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Le sens de l’odorat ou le sens de l’olfaction ?

Mettons fin à tout désir de suspens : la différence entre odorat et olfaction ? Il n’y en a pas vraiment.

C’est simplement une question de langage, ce sont deux mots qui signifient la même chose, au fond.

Mais, pour les métiers de la parfumerie, sans doute existe-t-il une légère différence tout à fait subtile entre les deux.

Nous dirions que l’odorat est ni plus ni moins le sens relié au nez. Comme la vue est reliée aux yeux, l’ouïe à l’oreille, le goût à la bouche et le toucher à la main.

Peut-être est-ce une perception inconsciente, ou sans doute quelque chose de culturel dans le milieu du parfum, mais l’olfaction serait différente, un cran au-dessus. L’olfaction est un métier. C’est sentir. C’est un savoir-faire. C’est littéralement une mission, un travail, une tâche à faire.

Olfaction, odorat, odeur : petit lexique autour des mots du parfum

Histoire de partir sur des bases en bonne et due forme, voici un lexique simplifié autour du sens de l’olfaction, sans prétentions.

Faites-y un tour à votre convenance, glisser dans les mots du parfum à l'envie.

  • Fait référence au concentré alcoolique dans lequel est conservé le parfum, composé de plusieurs matières premières

  • Synonyme d’odeur

  • Catégorie regroupant un ensemble d’odeurs ou de parfums qui se ressemblent pour se repérer et en faciliter la description

  • Liquide composé d’odeurs qui s’échappent dans l’air, qui est en général extrait d’un corps végétal, d’une plante, d’un arbre, d’une fleur

  • Organe, cette partie du corps qui permet le sens de l’odorat

    Il est aussi le nom qui évoque le métier de parfumeur

  • L’un des 5 sens parmi le gout, la vue, le toucher et l’ouïe

    L’olfaction ou l’odorat est le sens qui permet de percevoir les odeurs

  • Synonyme d’olfaction

  • Manifestation invisible et éphémère qui se déplace dans l’air, comme un gaz, et qui se perçoit par le sens olfactif, les organes de l’odorat, comme le nez

  • Un parfum est une odeur qui se compose de plusieurs molécules odorantes naturellement émises par une plante, un animal, un environnement

    Un parfum peut aussi être composé par la main de l’Homme en mélangeant plusieurs matières premières et molécules odorantes pour créer une harmonie olfactive que l’on porte sur la peau, que l’on vaporise dans l’air ou que l’on ajoute dans tout autre support pour que « ça sente bon » (lessive, déodorant, gel douche, litière, produits ménagers…)

L’olfaction : un vrai métier en parfumerie

« Est-ce que tu es disponible pour qu’on sente dans 5 minutes ? »

« Non, je sens déjà avec Lucette ! »

(sans jugements, c’est vrai que les anciens prénoms sont tendances, mais c’est le premier à être sorti du clavier).

En général, l’olfaction est au cœur de plusieurs métiers, c’est un sens qui relie les gens entre eux. Parce qu’au fond, la parfumerie, c’est un peu comme la gastronomie. Les métiers s’articulent autour d’un sens, l’odorat pour le premier, le goût pour le second.

Comme le goût, l’odorat ou l’olfaction est une expérience personnelle puisque chacun sent avec son nez, mais c’est un véritable ballet qui se fait à plusieurs.

En gastronomie, il y a les cuisiniers, les chefs, les commis, les agriculteurs et cultivateurs, les marchés, les restaurants, les critiques, les photographes, les écrivains, les commerciaux et les marketeurs, les journalistes, les passionnés du goût… Et les clients.

En parfumerie, c’est finalement pareil, sauf que les noms des métiers ne sont pas les mêmes, et que le sens est différent. Il y a les parfumeurs-créateurs, les évaluateurs, les parfumeurs-analystes, les chimistes, les fermiers et cultivateurs, les distributeurs, les boutiques, les critiques, les photographes, les écrivains, les commerciaux et les marketeurs, les journalistes, les passionnés de l’odorat… Et les clients.

 

« On se voit tout à l’heure en réunion olfaction. »

« Tu as senti les derniers essais ? T’en penses quoi ? »

« Tiens, sens et dis-moi ce que tu en penses. »

 

Dans cette scène, les gens s’activent autour d’un attirail de petites fioles, de mouillettes (ou touches de papier à sentir), de papier et de stylo ou d’ordinateur – et oui, il y a deux écoles, comme dans la plupart des métiers.

On sent un essai de parfum comme on débouche une bouteille de vin. D’abord, on se retrouve autour de la table. Sur cette table, différents essais, comme différents vins. On les ouvre en retirant le bouchon – pour un vin on débouche, pour un parfum on dévisse.

Ensuite, on prend plusieurs mouillettes que l’on vient tremper dans le jus de cette petite fiole pour imbiber le papier d’odeurs, comme on verserait un peu de vin dans chaque verre de dégustation.

Puis, chacun prend une mouillette dans sa main, et l’apporte à son nez pour sentir. Comme chacun prendrai son verre de vin et commencerai par sentir puis goûter. Un silence religieux s’installe quelques secondes.

D'un coup, c’est l’échange. Comme une discussion animée entre amis.

Et c’est aussi plaisant que de déguster un verre de vin – bon ou mauvais, peu importe. Car le principal, c'est bien de se réunir ensemble, autour de ce qu'on aime pour sentir, pour déguster, pour partager, pour comprendre et finalement, pour se reconnecter et ressentir des émotions.

 

Pour en savoir plus sur le savoir-faire de l’olfaction, on se retrouve avec la sensibilité et la générosité de Florian Gallo, parfumeur-créateur dans l’une des plus exigeantes maisons de composition, dsm-firmenich.

CHEZ BONTEMPS, NOUS VOULONS PRENDRE LE PARFUM PAR LES SENTIMENTS

Si le parfum pouvait parler, si nous pouvions le goûter, nous aimerions qu’il nous raconte ses odeurs simplement, avec le coeur. Bontemps est né de l’envie de partager une parfumerie de passion - des créateurs aux fabricants - et de transmettre son langage de façon humble et vraie.

Nous voulons mettre des mots sur le parfum qui soient plus parlants qu’une matière première, plus universels et donc plus proches de vous.

Nous voulons explorer la palette des sentiments avec lesquels nous pourrions rendre accessible le langage des odeurs, si complexe et impalpable.

Transmettre « ce que ça sent » par les émotions, les sentiments, les sensations et les ressentis, pour vous aider à mieux comprendre le parfum et goûter au plaisir de sentir.

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CONSEILS, OLFACTION Julie Gallo CONSEILS, OLFACTION Julie Gallo

Comment parler d’un parfum ?

Comment trouver les mots pour exprimer ce que ça sent ? Voici tous nos humbles conseils pour affiner son sens de l’odorat.

 

Parler d’un parfum peut être un art intimidant faisant rougir les joues les plus pâles, mais en réalité, c’est une affaire délicieuse.

En tant qu’amateur ou novice intéressé, parler d’un parfum relève souvent, sinon toujours, d’une aventure tumultueuse.

Si bien que l’image venant illustrer cette sensation pourrait se décrire ainsi : la solitude qui flirte avec la gêne lorsque notre nez se met à sentir, que notre corps ressent et que notre bouche s’entrouvre, totalement muette, face aux mots qui ne viennent pas.

Jusqu’à ce que quelqu’un trouve le mot juste, nous délivrant du silence et nous entraînant vers l’automatique réaction « oui c’est ça, maintenant que tu le dis ».

 

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© Chacoco, Charlotte Chauvin


LE VRAI SECRET POUR PARLER D’UN PARFUM

Dévoilons d’entrée de jeu le vrai secret pour parler d’un parfum.

En dehors de tout diktat ou de tout schéma imposé, décrire un parfum passe avant tout par le ressenti, le souvenir et sa façon de l’exprimer.

Commence alors un vrai travail de mémoire et de voyage intime qui ne peut s’ancrer qu’en le partageant.

En exprimant ses ressentis et ses souvenirs, on se connecte à ceux des autres qui viendront valider ou non ce que l’on sent ou ressent pour cette odeur.

Ainsi, la seule question à se poser dès que l’on sent une odeur ou un parfum, au-delà du « j’aime, je n’aime pas », serait celle-ci : à quoi cette odeur me fait penser, qu’est-ce que je ressens ?

Il est crucial de rappeler que l’exercice est subjectif et que la mauvaise ou bonne réponse n’existe pas, mais le collectif nous permet d’être aguerri et d’achever l’apprentissage dans un cadre rassurant. Le voici.

 

LES OUTILS POUR DECRIRE UN PARFUM, C’EST COMME UN CADRE QUI VIENT ENTOURER LE TABLEAU DES EMOTIONS OLFACTIVES

Pour aider à savoir ce que sent un parfum, un accord ou une matière première, les professionnels du parfum ont créé un certain nombre d’outils comme les familles olfactives ou la pyramide olfactive.

Les familles olfactives permettent de classer les parfums par catégorie pour pouvoir décrire leurs principales odeurs.

Tandis que la pyramide olfactive est un outil marketing pensé comme une grille de lecture, sous la traditionnelle forme “tête, coeur, fond”.

Le parfum est d’abord décrit par une première impression générale olfactive que l’on appelle “notes de tête”, puis la signature ou l’essence même du parfum est donné par les “notes de coeur” et enfin, les odeurs persistantes qui restent à la fin dans le temps sont les “notes de fond”.

Retrouvez toutes les familles olfactives pour classer un parfum dans notre classification des odeurs.

 

© Bontemps, par Mathilde Lagarrigue @cestdelapoesie

METTRE DES MOTS SUR UNE ODEUR : LE TRAVAIL PREMIER D’UN PARFUMEUR

Comme pour apprendre une nouvelle langue, apprivoiser son nez demande du temps, de la pratique et de la passion.

Il n’y a ni magie, ni super-pouvoir.

Sauf peut-être celui d’une sensibilité affutée. Pour composer un parfum, il faut d’abord savoir en parler. Le travail premier d’un parfumeur est celui de mettre des mots sur une odeur.

Comment faire concrètement ?

Tout simplement, sentir et noter tout ce que l’on ressent sur l’odeur en question, sans le moindre jugement ni la moindre critique qui risquerait de briser le processus d’apprentissage.

L’effort se trouve dans l’écoute de sa propre sensibilité et de sa mémoire. Car, au contraire des autres sens, le sens olfactif est le seul à être directement connecté aux deux parties du cerveau responsables des émotions et des souvenirs.

 

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Bontemps est né de l’envie de partager une parfumerie de passion - des créateurs aux fabricants - et de transmettre son langage de façon humble et vraie.

Nous voulons mettre des mots sur le parfum qui soient plus parlants qu’une matière première, plus universels et donc plus proches de vous.

Nous voulons explorer la palette des sentiments avec lesquels nous pourrions rendre accessible le langage des odeurs, si complexe et impalpable.

 

Transmettre « ce que ça sent » par les émotions, les sentiments, les sensations et les ressentis, pour vous aider à mieux comprendre le parfum et goûter au plaisir de sentir.

Si le parfum pouvait parler, si nous pouvions le goûter, nous aimerions qu’il nous raconte ses odeurs simplement, avec le coeur.

 
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Comprendre le savoir-faire de l’olfaction avec un nez

Rencontre avec les savoir-faire sensoriels. Ici, celui de l’olfaction, avec Florian Gallo, parfumeur-créateur dans l’une des plus exigeantes maisons de composition de parfum, dsm-firmenich.

 

Un savoir-faire, c’est un tour de main.

C’est « une habileté manuelle ou intellectuelle, une compétence acquise par l'expérience, par l’apprentissage dans l'exercice d'un métier, d’un art, d’une discipline », nous explique le dictionnaire.

Dans le cas de l’olfaction, on aime effleurer l’idée d’un savoir-faire sensoriel, lié au sens de l’odorat, au « nez ». C’est le « savoir sentir ».

C’est savoir exprimer par les mots les ressentis que nous procurent une odeur, comme on exprimerait les arômes d’un vin ou les saveurs d’un plat.

Rencontrons aujourd’hui un fin connaisseur de l’olfaction, Florian Gallo, parfumeur-créateur dans l’une des plus exigeantes maisons de composition de parfums à Paris, dsm-firmenich, pour apprécier cette première mise en bouche, aussi spontanée que soignée, du savoir-faire de l’odorat.

© Bontemps • Photographie par Mathilde Lagarrigue

 
 

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© Bontemps • Photographie par Mathilde Lagarrigue

LE SAVOIR-FAIRE DE L’OLFACTION, QU’EST-CE QUE C’EST ? EST-CE UN DON OU TOUT LE MONDE PEUT APPRENDRE A SENTIR ?

Florian Gallo : Tout le monde pense que c’est un don, mais, ce n’est pas un don du tout. Tout le monde a la capacité de savoir sentir. L’olfaction est un savoir-faire qui s’apprend, qui se travaille, qui se développe.

Au départ, ça commence tout simplement par une envie. Et puis, pour arriver à déchiffrer les odeurs, les parfums, la qualité principale avant toute chose est la sensibilité. Si l’on dispose d’une personnalité sensible, on sera plus alerte et plus facilement connecté au sens olfactif dans sa vie. Il y a un aspect un peu méditatif aussi. En se concentrant vraiment dans le moment présent, on devient beaucoup plus ouvert et plus conscient des odeurs autour de soi.

Finalement, les deux qualités les plus essentielles au savoir-faire de l’olfaction, selon moi, c’est premièrement, la sensibilité, l’ouverture d’esprit, le fait de prendre le temps de se connecter au monde ambiant avec toutes ses odeurs, et deuxièmement, ce travail de concentration, cette volonté d’apprendre.

CONCRETEMENT, COMMENT FAIS-TU POUR TE CONNECTER AU MONDE AMBIANT, AUX ODEURS, JUSTEMENT ?

F.G : Je le fais de façon inconsciente. Je pense que mes collègues parfumeurs le font aussi. On est sans arrêt en alerte vis-à-vis du monde ambiant, des odeurs qui nous entourent, des odeurs que l’on peut sentir tous les jours. Le matin par exemple, je me réveille et je sens tout, du dentifrice au gel douche. Je remarque certains matins que je vais mieux sentir ou sentir de façon plus puissante que la veille. Ça relève de l’habitude, d’une routine quotidienne, un peu comme un scroll sur les réseaux sociaux.

Et après, le secret pour « savoir sentir » est de se servir de sa mémoire et de ses émotions. Ce que l’on nous apprend dans les écoles de parfumerie, dans mon cas, à l’ISIPCA à Versailles (Institut Supérieur International de la Parfumerie, de la Cosmétique et des Arômes) ou dans l’école interne d’une maison de composition de parfums à Grasse, c’est être capable d’associer un souvenir, une émotion, aux odeurs que l’on sent, que l’on apprend et de les exprimer en détail.

 

© Bontemps

EST-CE QU’IL Y A UNE TECHNIQUE OU DES BONNES PRATIQUES POUR SAVOIR SENTIR ?

F.G : Il y a plein d’apprentissages et de méthodes différentes pour apprendre les odeurs. Celle que j’ai apprise, qui est le travail d’un parfumeur, d’un élève parfumeur, et qui est aussi la plus réputée, c’est la méthode d’olfaction par Jean-Carles.

Jean-Carles était un parfumeur grassois très reconnu, au temps de la parfumerie du début du 20° siècle. Il était aussi un grand professeur et pédagogue puisqu’il a créé des théories et des bonnes pratiques pour exercer le savoir-faire olfactif de façon quotidienne et pour apprendre le métier de parfumeur dans la création de formules de parfum.

La méthode Jean-Carles pour apprendre à mémoriser les odeurs et les classer est finalement assez simple. Ça consiste en un tableau à double-entrée. D’un côté, il y a les colonnes « familles olfactives » qui vont permettre de classer les matières premières de la parfumerie par catégorie : fleurs, bois, agrumes, etc. De l’autre côté, il y a les lignes « études », qui correspondent aux matières premières étudiées. Dans chaque étude, on aura forcément une fleur, un bois, un agrume, etc.

L’idée, c’est d’abord de remplir toutes les lignes du tableau, et ensuite de sentir les matières premières de chaque colonne, donc de chaque famille olfactive, pour apprendre à les différencier entre elles. C’est ce qu’on appelle l’olfaction par contraste ou par comparaison.

Dans l’école à Grasse où j’étais, mon professeur m’avait conseillé et demandé de rattacher chaque odeur qu’on étudiait à un souvenir, un ressenti, une émotion. On commence comme ça à sentir, avec des souvenirs et des émotions. Après, plus on avance dans l’apprentissage, plus on va être, au fur et à mesure, capable de rentrer dans le côté technique.

AS-TU UN EXEMPLE A NOUS PARTAGER ?

F.G : Il y a une odeur qui me frappe encore aujourd’hui, c’est l’huile essentielle de citron. C’est la première matière première que j’ai appris à sentir. Ce qui m’était venu à l’esprit la première fois, c’était : « ah ça, ça me fait penser aux bonbons citronnés qu’on prend quand on a mal à la gorge », ce côté très acidulé, très bonbon, un peu « Drill ».

Et aujourd’hui, ce sentiment n’a pas changé pour moi, même si j’ai acquis du savoir-faire au fur et à mesure des années. Pour moi, l’odeur de l’huile essentielle de citron, c’est toujours ce sentiment de pastille un peu médicamenteuse, la pastille que je prends quand j’ai mal à la gorge. Mais qu’est-ce qui définit cette émotion, cette sensation ? Car une fois que l’on apprend que l’odeur de citron nous fait penser à « ça », la question suivante est de se demander : « comment, maintenant, je vais différencier le citron de l’orange dans la famille des agrumes ? ».

Par exemple, quand je sens l’odeur de citron, j’ai cette sensation d’acidulé. Pourquoi ça me rappelle ce bonbon-médicament là, parce que c’est acide. Alors que pour l’orange, l’odeur se rapprocherait plus d’un côté « pulpe », ça donne l’impression de la pulpe d’orange, le côté juteux, le côté sucré de l’orange.

En fait, ce qui est intéressant dans le monde de l’olfaction, c’est qu’il n’y a pas vraiment de vocabulaire lié à l’odeur. Les seuls mots « repères » que nous avons, ce sont les familles olfactives. On va se demander : « est-ce que c’est une fleur ? un agrume ? un bois ? ». Mais après ? Il existe tellement d’odeurs de fleurs, de bois ou d’agrumes différentes. C’est à cette étape-là qu’on va commencer à aller dans le détail. Car, pour décrire et exprimer plus précisément une odeur, on va utiliser des mots, qu’on appelle « descripteurs » qui sont liés à l’image, au toucher, au goût, qui sont liés aux autres sens. On ne va pas vraiment utiliser un vocabulaire spécifique de l’odeur, mis à part les noms techniques des molécules. Si je parle d’une odeur verte, fraîche, d’herbe coupée, c’est plus parlant que de dire du « cis-3-hexenol ». Mais, ça, c’est si on veut devenir parfumeur ou travailler dans le savoir-faire de l’olfaction.

C’est comme ça que, petit à petit, jour après jour, mois après mois, on développe un vocabulaire lié à l’odeur. C’est en allant dans ce genre de détails qu’on va se perfectionner. En fait, sentir, ça fascine tout le monde, mais à force de faire l’exercice, ça se fait assez facilement, bien que ça prenne du temps.

Après, je parle uniquement d’un point de vue matière première, car pour un parfum, c’est différent.

 

© Bontemps • Photographie par Mathilde Lagarrigue

POURQUOI C’EST DIFFERENT POUR UN PARFUM ?

F.G : C’est différent parce qu’un parfum, c’est quoi ? Un parfum, c’est un mélange de matières premières, de molécules, qu’elles soient naturelles ou reconstituées, et c’est ce mélange qui donne une composition parfumée complexe. Un peu comme le vin.

Sentir un parfum peut dérouter beaucoup de personnes. On va se dire « ouais, j’aime bien mais je ne sais pas pourquoi j’aime bien ». Et c’est normal. Parce qu’il y a une multitude de matières premières dedans. Il faut avoir un niveau d’expertise assez haut, en tout cas beaucoup de pratique, pour savoir décrire ou reconnaître un parfum.

Par exemple, si vous avez senti un « Shalimar » (Guerlain), c’est un accord typique de l’ancienne parfumerie, un accord de notes ambrées, un accord de base que vous allez potentiellement, avec beaucoup de pratique, ressentir dans d’autres parfums.

D’un point de vue plus simple et didacticiel, « savoir sentir » commence par la matière première avant le parfum. Car vous allez commencer à reconnaître certaines matières premières que vous aurez déjà senti, et ça deviendra de plus en plus simple de sentir un parfum. Vous allez, par exemple, reconnaître le côté acidulé du citron, la note sucrée de l’orange. Ça, ça va vous aider à dévisager un parfum, à retrouver ses différentes facettes, et aussi à savoir quelle matière première vous aimez.

Comme si vous aviez un puzzle déjà formé devant vous et que vous appreniez d’abord chaque pièce de ce puzzle et comment elles s’emboîtent. En commençant par sentir la matière première, c’est comme si on commence par sentir chaque pièce du puzzle, et ça sera beaucoup plus simple pour décrire le puzzle final, parce que vous allez comprendre comment décrire chaque pièce du puzzle qui constitue l’ensemble.

MAIS COMMENT SENTIR DES MATIERES PREMIERES QUAND ON N’EST PAS DE CE MONDE-LA ?

F.G : C’est complexe, c’est vrai. Mais, il y a quand même des choses de tous les jours qui sont possibles à sentir et qui peuvent facilement nous aider à pratiquer l’olfaction.

Par exemple, c’est simple de sentir des agrumes parce que ce sont des matières premières dont on peut avoir facilement l’accès au quotidien et qu’on va utiliser en parfumerie.

En ce moment, c’est la saison des clémentines et des oranges. Vous pouvez vous amuser à gratter la peau d’orange ou de clémentine, c’est là que se trouve l’huile essentielle que vous pouvez sentir. Puis, mémoriser que l’orange, ça sent « ça » pour vous. En parfumerie, on va littéralement utiliser cette huile essentielle dans la composition d’un parfum.

En cuisine, on a aussi les épices par exemple. On peut s’acheter des épices ou aller dans une boutique à épices car toutes les épices que vous allez voir, la plupart sont utilisées en parfumerie : le poivre rose, le poivre noir, la cannelle, la cardamome, la vanille… Et on peut commencer tout simplement par là. J’ai commencé par là aussi.

© Bontemps

EST-CE QU’ON PEUT S’ENTRAINER A SENTIR AVEC UNE AMBIANCE, UN ENVIRONNEMENT OLFACTIF DANS LEQUEL ON VIT AU QUOTIDIEN ? PAR EXEMPLE EN CE MOMENT, ON RENTRE DANS L’HIVER ET ON COMMENCE A SENTIR UN PEU PARTOUT L’ODEUR DES MARRONS CHAUDS, GRILLES, DANS LA RUE.

F.G : Oui, c’est aussi ça. Si on n’a pas le temps de sentir les matières premières naturelles avec les épices, les agrumes ou autre, il y a aussi cet exercice, plus cérébral, lié à la mémoire, de se dire : « à quoi cette odeur me fait-elle penser ? ».

Quand on se retrouve devant un parfum peut-être que la première chose à se dire c’est : « ok, j’aime ou je n’aime pas ? ». Ça, de toute façon, c’est indéniablement quelque chose que l’on va faire, inconsciemment et automatiquement, quand on ne connaît pas quelque chose. Si je n’aime pas, je l’écarte et je peux en avoir peur comme je ne l’aime pas. Mais si je l’aime, la question que l’on peut se poser est assez simple : « qu’est-ce qui me plaît là-dedans ? », « est-ce que ça me rappelle quelque chose d’agréable ? », « est-ce que ça me rappelle un environnement que je connais ? ».

Ça peut être ce que tu dis : « ça, ça me rappelle le marron chaud qu’on fait griller dans la rue », ou « ça me rappelle les marrons chauds que cuisinait ma grand-mère ou mon grand-père », parce que, forcément, les parfumeurs l’ont sans doute déjà vécu et ont fait en sorte de retranscrire en odeurs ces sentiments-là dans un parfum. Alors c’est peut-être un peu nian-nian à dire, mais nous, les parfumeurs, comme on est des créateurs d’émotions quelque part, on va traduire ce que l’on a vécu en odeurs, transmettre des émotions dans un flacon. Ça rappelle forcément des émotions les parfums, parce que ce sont des mélanges d’émotions, il y a plein d’émotions dedans.

Après, ça parlera à ceux qui ont vécu la même chose ou pas d’ailleurs. Car finalement, l’émotion ou le ressenti que l’on a quand on sent un parfum, on va se l’approprier, le relier à sa propre vie, à son propre vécu. Par exemple, quand on veut créer une note vanillée, on y met une inspiration et une intention derrière, donc cette odeur va forcément faire rappeler à quelqu’un la crème brûlée que faisait sa grand-mère ou son grand-père ou son cousin, l’odeur du sucre vanillé qu’on utilise pour faire un gâteau, ou l’odeur de son gel douche à la vanille.

Je pense que c’est ça, « savoir sentir », c’est s’ouvrir à ses propres ressentis, à ses propres émotions, à son propre vécu.

QUELQUES HUMBLES CONSEILS POUR S’EXERCER A L’OLFACTION ET METTRE DES MOTS SUR UN PARFUM

Retrouvez nos humbles conseils pour affiner votre sens de l’odorat et vous essayer à la pratique de l’olfaction et de mettre des mots sur une odeur. Une affaire parfois intimidante, mais délicieuse.

 

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