2 façons de sentir un parfum
Il existe, dans le cas de la parfumerie fine, deux façons de sentir un parfum : sur papier et sur peau. Créer un parfum, c’est l’art d’assembler des odeurs. Voici concrètement, comment nous sentons ces assemblages.
AGENDA
Sentir un parfum sur papier
Il existe, dans le cas de la parfumerie fine, deux façons de sentir : sur papier - celui-ci s’amuse à prendre tantôt le nom de « touche à parfum », « touche à sentir » ou encore « mouillette » pour les intimes - et sur peau. Dans ce paragraphe, il est question de cette fameuse mouillette.
La mouillette est au parfumeur, ce que le stylo (ou le clavier) est à l’écrivain. En plus du nez et de la palette d’ingrédients, la mouillette est l’outil indispensable pour sentir, évaluer, analyser, comparer et travailler un parfum dans les moindres détails olfactifs.
Ces mouillettes sont fabriquées à partir d’un papier tout à fait spécial. En effet, nous ne pouvons pas utiliser n’importe quel papier qui traîne. Le papier utilisé est un papier haut de gamme en fibres longues, que l’on nomme « papier buvard » permettant de capturer l’odeur entre ses fibres et de restituer fidèlement les fragrances grâce à son ph neutre.
On dispose ensuite ces mouillettes entre les doigts, de manière à créer un bel éventail dans la main. Les mouillettes sont suffisamment espacées pour que les odeurs ne se mélangent pas et que chaque parfum s'exprime dans son propre espace.
Ces mouillettes finissent leur journée sur un porte-mouillettes - objet tout à fait utile lorsqu’elles sont nombreuses – pour être par la suite recyclées. Les préférées et les plus utilisées par les parfumeurs et les métiers de la parfumerie sont souvent celles qui sont larges à bout rond.
Sentir un parfum sur peau
La deuxième façon de sentir un parfum en parfumerie fine s'expérimente sur un support complètement différent du papier, celui de la peau.
La peau est littéralement là où le parfum finira sa vie, là où il sera vaporisé in fine. La peau est un support olfactif vivant qui rend l’aventure de création encore plus exaltante, précise et minutieuse.
C’est là, dans le grain de la peau, selon qu’elle soit acide ou peu, selon ce que nous avons mangé, selon que nous soyons femme ou homme, âgé ou jeune, que le parfum se déploie, prend du galon, s’exprime à sa façon, s’accompli et diffuse autour de lui sa signature ou s’entête et retombe comme un soufflé.
Sentir un parfum sur peau demande d’avoir des gens prêts à la prêter pour que les parfumeurs puissent évaluer leur parfum dans des conditions réelles, véritables. Les différents essais sont en général vaporisés sur la peau à l’intérieur du bras par 3 ou 4 maximum, et sont disposés à l’aveugle, à l’aide de gommettes colorées. A tour de rôle, le parfum et tous les experts olfactifs sentent sur la peau les différents essais sans savoir quel parfum correspond à quelle gommette.
La peau pourra confirmer la direction olfactive et la faire progresser vers plus de sillage, de gérer l’impact olfactif au contact de la peau, de polir les dosages et les équilibres. Et parfois, de supprimer et de remettre en question tout un travail fait jusque-là.
Si la mouillette est neutre, la peau, elle, vient colorer avec son unicité l’œuvre olfactive.
Travailler un parfum sans le sentir sur la peau, c’est rester en terrain conquis. Car oui, il existe autant de parfums différents qu’il existe de peau unique. La peau provoque, questionne, écoute, interrompt et dialogue avec ce que le parfum a à dire.
Le jeu d’équilibre peau-papier et la question du temps
Composer et développer un parfum relève d’un travail des plus exigeants.
En effet, il faut savoir qu’un parfum ne sent pas pareil sur mouillette, sur peau, dès qu’on l’a vaporisé ou 5 minutes plus tard, au bout de deux heures et à la fin de la journée. Le parfum est vivant, il change et se déploie de façon différente sur chaque support et à chaque instant.
C’est donc un travail intense et de toutes les concentrations : un parfum peut être absolument génial sur mouillette, et finalement il devient silencieux, « trop ci » ou « pas assez ça ». Un parfum qui n’était pas favori sur mouillette peut être follement surprenant sur la peau. Et au bout de 5 minutes, cela peut complètement changer, comme à la fin de la journée. Le travail est, lui aussi, vivant, changeant et instable durant les phases de développement.
Au quotidien, le parfumeur compose, évalue et affine ses essais au quotidien grâce à la mouillette. Une fois satisfait de l’équilibre du parfum, le parfumeur et tous les experts olfactifs avec lesquels il travaille font passer une sélection d’essais parfumés, comme un casting, à l’épreuve de la peau.
La peau intervient souvent dans un deuxième temps, lorsque le parfum est suffisamment « mature » dans sa réflexion, c’est-à-dire que la structure olfactive est là et que les grandes directions olfactives sur papier ont été prises.
Le parfumeur, pour certains projets, porte lui-même sur sa peau, le parfum qu’il développe. En effet, cela lui permet de vivre avec le parfum tout au long de la journée ou de la soirée pour l’évaluer et pouvoir le retravailler le lendemain à partir de son propre vécu avec le parfum. Mais c’est un luxe qu’il n’est pas toujours possible de réaliser car la réalité pour de nombreux parfumeurs est qu’ils travaillent sur de multiples projets en même temps.
Composer un parfum est un travail de grande minutie olfactive qui se fait chaque jour, pendant plusieurs semaines, mois ou années, en de multiples essais, à l’aveugle et au nez en usant de gommettes colorées, pour trouver une signature aboutie et un équilibre parfait sur la peau.
Comment nous avons fait chez Bontemps Paris
Chez Bontemps, nous avons développé nos propres mouillettes personnalisées avec Scentis, le spécialiste Grassois des touches à sentir, fabriquées au cœur du pays de Grasse à partir d’un papier de haute qualité, aux fibres longues pour capturer l’essence du parfum et au PH neutre pour restituer fidèlement l’odeur. Un papier certifié FSC que nous avons souhaité garder dans son aspect brut.
Puis, nous avons senti et travaillé, avec joie et sérieux à la fois, depuis un an et tous les jours, nos parfums, sur papier et sur notre propre peau, pour qu’ils soient un délice à porter, avec leur propre touche de caractère.
📌 Retrouvez-nous sur Instagram @bontempsparfumeur_paris pour découvrir nos coulisses au quotidien.
Comprendre le savoir-faire de l’olfaction avec un nez
Rencontre avec les savoir-faire sensoriels. Ici, celui de l’olfaction, avec Florian Gallo, parfumeur-créateur dans l’une des plus exigeantes maisons de composition de parfum, dsm-firmenich.
Un savoir-faire, c’est un tour de main.
C’est « une habileté manuelle ou intellectuelle, une compétence acquise par l'expérience, par l’apprentissage dans l'exercice d'un métier, d’un art, d’une discipline », nous explique le dictionnaire.
Dans le cas de l’olfaction, on aime effleurer l’idée d’un savoir-faire sensoriel, lié au sens de l’odorat, au « nez ». C’est le « savoir sentir ».
C’est savoir exprimer par les mots les ressentis que nous procurent une odeur, comme on exprimerait les arômes d’un vin ou les saveurs d’un plat.
Rencontrons aujourd’hui un fin connaisseur de l’olfaction, Florian Gallo, parfumeur-créateur dans l’une des plus exigeantes maisons de composition de parfums à Paris, dsm-firmenich, pour apprécier cette première mise en bouche, aussi spontanée que soignée, du savoir-faire de l’odorat.
AU MENU DU SAVOIR-FAIRE
•
AU MENU DU SAVOIR-FAIRE •
Comment fais-tu pour te connecter au monde ambiant, aux odeurs ?
Est-ce qu’il y a une technique ou des bonnes pratiques pour savoir sentir ?
As-tu un exemple à nous partager ?
Pourquoi c’est différent pour un parfum ?
Comment sentir des matières premières quand on n’est pas du monde de la parfumerie ?
Est-ce qu’on peut s’entraîner à sentir avec une ambiance, un environnement olfactif dans lequel on vit au quotidien ?
LE SAVOIR-FAIRE DE L’OLFACTION, QU’EST-CE QUE C’EST ? EST-CE UN DON OU TOUT LE MONDE PEUT APPRENDRE A SENTIR ?
Florian Gallo : Tout le monde pense que c’est un don, mais, ce n’est pas un don du tout. Tout le monde a la capacité de savoir sentir. L’olfaction est un savoir-faire qui s’apprend, qui se travaille, qui se développe.
Au départ, ça commence tout simplement par une envie. Et puis, pour arriver à déchiffrer les odeurs, les parfums, la qualité principale avant toute chose est la sensibilité. Si l’on dispose d’une personnalité sensible, on sera plus alerte et plus facilement connecté au sens olfactif dans sa vie. Il y a un aspect un peu méditatif aussi. En se concentrant vraiment dans le moment présent, on devient beaucoup plus ouvert et plus conscient des odeurs autour de soi.
Finalement, les deux qualités les plus essentielles au savoir-faire de l’olfaction, selon moi, c’est premièrement, la sensibilité, l’ouverture d’esprit, le fait de prendre le temps de se connecter au monde ambiant avec toutes ses odeurs, et deuxièmement, ce travail de concentration, cette volonté d’apprendre.
CONCRETEMENT, COMMENT FAIS-TU POUR TE CONNECTER AU MONDE AMBIANT, AUX ODEURS, JUSTEMENT ?
F.G : Je le fais de façon inconsciente. Je pense que mes collègues parfumeurs le font aussi. On est sans arrêt en alerte vis-à-vis du monde ambiant, des odeurs qui nous entourent, des odeurs que l’on peut sentir tous les jours. Le matin par exemple, je me réveille et je sens tout, du dentifrice au gel douche. Je remarque certains matins que je vais mieux sentir ou sentir de façon plus puissante que la veille. Ça relève de l’habitude, d’une routine quotidienne, un peu comme un scroll sur les réseaux sociaux.
Et après, le secret pour « savoir sentir » est de se servir de sa mémoire et de ses émotions. Ce que l’on nous apprend dans les écoles de parfumerie, dans mon cas, à l’ISIPCA à Versailles (Institut Supérieur International de la Parfumerie, de la Cosmétique et des Arômes) ou dans l’école interne d’une maison de composition de parfums à Grasse, c’est être capable d’associer un souvenir, une émotion, aux odeurs que l’on sent, que l’on apprend et de les exprimer en détail.
EST-CE QU’IL Y A UNE TECHNIQUE OU DES BONNES PRATIQUES POUR SAVOIR SENTIR ?
F.G : Il y a plein d’apprentissages et de méthodes différentes pour apprendre les odeurs. Celle que j’ai apprise, qui est le travail d’un parfumeur, d’un élève parfumeur, et qui est aussi la plus réputée, c’est la méthode d’olfaction par Jean-Carles.
Jean-Carles était un parfumeur grassois très reconnu, au temps de la parfumerie du début du 20° siècle. Il était aussi un grand professeur et pédagogue puisqu’il a créé des théories et des bonnes pratiques pour exercer le savoir-faire olfactif de façon quotidienne et pour apprendre le métier de parfumeur dans la création de formules de parfum.
La méthode Jean-Carles pour apprendre à mémoriser les odeurs et les classer est finalement assez simple. Ça consiste en un tableau à double-entrée. D’un côté, il y a les colonnes « familles olfactives » qui vont permettre de classer les matières premières de la parfumerie par catégorie : fleurs, bois, agrumes, etc. De l’autre côté, il y a les lignes « études », qui correspondent aux matières premières étudiées. Dans chaque étude, on aura forcément une fleur, un bois, un agrume, etc.
L’idée, c’est d’abord de remplir toutes les lignes du tableau, et ensuite de sentir les matières premières de chaque colonne, donc de chaque famille olfactive, pour apprendre à les différencier entre elles. C’est ce qu’on appelle l’olfaction par contraste ou par comparaison.
Dans l’école à Grasse où j’étais, mon professeur m’avait conseillé et demandé de rattacher chaque odeur qu’on étudiait à un souvenir, un ressenti, une émotion. On commence comme ça à sentir, avec des souvenirs et des émotions. Après, plus on avance dans l’apprentissage, plus on va être, au fur et à mesure, capable de rentrer dans le côté technique.
AS-TU UN EXEMPLE A NOUS PARTAGER ?
F.G : Il y a une odeur qui me frappe encore aujourd’hui, c’est l’huile essentielle de citron. C’est la première matière première que j’ai appris à sentir. Ce qui m’était venu à l’esprit la première fois, c’était : « ah ça, ça me fait penser aux bonbons citronnés qu’on prend quand on a mal à la gorge », ce côté très acidulé, très bonbon, un peu « Drill ».
Et aujourd’hui, ce sentiment n’a pas changé pour moi, même si j’ai acquis du savoir-faire au fur et à mesure des années. Pour moi, l’odeur de l’huile essentielle de citron, c’est toujours ce sentiment de pastille un peu médicamenteuse, la pastille que je prends quand j’ai mal à la gorge. Mais qu’est-ce qui définit cette émotion, cette sensation ? Car une fois que l’on apprend que l’odeur de citron nous fait penser à « ça », la question suivante est de se demander : « comment, maintenant, je vais différencier le citron de l’orange dans la famille des agrumes ? ».
Par exemple, quand je sens l’odeur de citron, j’ai cette sensation d’acidulé. Pourquoi ça me rappelle ce bonbon-médicament là, parce que c’est acide. Alors que pour l’orange, l’odeur se rapprocherait plus d’un côté « pulpe », ça donne l’impression de la pulpe d’orange, le côté juteux, le côté sucré de l’orange.
En fait, ce qui est intéressant dans le monde de l’olfaction, c’est qu’il n’y a pas vraiment de vocabulaire lié à l’odeur. Les seuls mots « repères » que nous avons, ce sont les familles olfactives. On va se demander : « est-ce que c’est une fleur ? un agrume ? un bois ? ». Mais après ? Il existe tellement d’odeurs de fleurs, de bois ou d’agrumes différentes. C’est à cette étape-là qu’on va commencer à aller dans le détail. Car, pour décrire et exprimer plus précisément une odeur, on va utiliser des mots, qu’on appelle « descripteurs » qui sont liés à l’image, au toucher, au goût, qui sont liés aux autres sens. On ne va pas vraiment utiliser un vocabulaire spécifique de l’odeur, mis à part les noms techniques des molécules. Si je parle d’une odeur verte, fraîche, d’herbe coupée, c’est plus parlant que de dire du « cis-3-hexenol ». Mais, ça, c’est si on veut devenir parfumeur ou travailler dans le savoir-faire de l’olfaction.
C’est comme ça que, petit à petit, jour après jour, mois après mois, on développe un vocabulaire lié à l’odeur. C’est en allant dans ce genre de détails qu’on va se perfectionner. En fait, sentir, ça fascine tout le monde, mais à force de faire l’exercice, ça se fait assez facilement, bien que ça prenne du temps.
Après, je parle uniquement d’un point de vue matière première, car pour un parfum, c’est différent.
POURQUOI C’EST DIFFERENT POUR UN PARFUM ?
F.G : C’est différent parce qu’un parfum, c’est quoi ? Un parfum, c’est un mélange de matières premières, de molécules, qu’elles soient naturelles ou reconstituées, et c’est ce mélange qui donne une composition parfumée complexe. Un peu comme le vin.
Sentir un parfum peut dérouter beaucoup de personnes. On va se dire « ouais, j’aime bien mais je ne sais pas pourquoi j’aime bien ». Et c’est normal. Parce qu’il y a une multitude de matières premières dedans. Il faut avoir un niveau d’expertise assez haut, en tout cas beaucoup de pratique, pour savoir décrire ou reconnaître un parfum.
Par exemple, si vous avez senti un « Shalimar » (Guerlain), c’est un accord typique de l’ancienne parfumerie, un accord de notes ambrées, un accord de base que vous allez potentiellement, avec beaucoup de pratique, ressentir dans d’autres parfums.
D’un point de vue plus simple et didacticiel, « savoir sentir » commence par la matière première avant le parfum. Car vous allez commencer à reconnaître certaines matières premières que vous aurez déjà senti, et ça deviendra de plus en plus simple de sentir un parfum. Vous allez, par exemple, reconnaître le côté acidulé du citron, la note sucrée de l’orange. Ça, ça va vous aider à dévisager un parfum, à retrouver ses différentes facettes, et aussi à savoir quelle matière première vous aimez.
Comme si vous aviez un puzzle déjà formé devant vous et que vous appreniez d’abord chaque pièce de ce puzzle et comment elles s’emboîtent. En commençant par sentir la matière première, c’est comme si on commence par sentir chaque pièce du puzzle, et ça sera beaucoup plus simple pour décrire le puzzle final, parce que vous allez comprendre comment décrire chaque pièce du puzzle qui constitue l’ensemble.
MAIS COMMENT SENTIR DES MATIERES PREMIERES QUAND ON N’EST PAS DE CE MONDE-LA ?
F.G : C’est complexe, c’est vrai. Mais, il y a quand même des choses de tous les jours qui sont possibles à sentir et qui peuvent facilement nous aider à pratiquer l’olfaction.
Par exemple, c’est simple de sentir des agrumes parce que ce sont des matières premières dont on peut avoir facilement l’accès au quotidien et qu’on va utiliser en parfumerie.
En ce moment, c’est la saison des clémentines et des oranges. Vous pouvez vous amuser à gratter la peau d’orange ou de clémentine, c’est là que se trouve l’huile essentielle que vous pouvez sentir. Puis, mémoriser que l’orange, ça sent « ça » pour vous. En parfumerie, on va littéralement utiliser cette huile essentielle dans la composition d’un parfum.
En cuisine, on a aussi les épices par exemple. On peut s’acheter des épices ou aller dans une boutique à épices car toutes les épices que vous allez voir, la plupart sont utilisées en parfumerie : le poivre rose, le poivre noir, la cannelle, la cardamome, la vanille… Et on peut commencer tout simplement par là. J’ai commencé par là aussi.
EST-CE QU’ON PEUT S’ENTRAINER A SENTIR AVEC UNE AMBIANCE, UN ENVIRONNEMENT OLFACTIF DANS LEQUEL ON VIT AU QUOTIDIEN ? PAR EXEMPLE EN CE MOMENT, ON RENTRE DANS L’HIVER ET ON COMMENCE A SENTIR UN PEU PARTOUT L’ODEUR DES MARRONS CHAUDS, GRILLES, DANS LA RUE.
F.G : Oui, c’est aussi ça. Si on n’a pas le temps de sentir les matières premières naturelles avec les épices, les agrumes ou autre, il y a aussi cet exercice, plus cérébral, lié à la mémoire, de se dire : « à quoi cette odeur me fait-elle penser ? ».
Quand on se retrouve devant un parfum peut-être que la première chose à se dire c’est : « ok, j’aime ou je n’aime pas ? ». Ça, de toute façon, c’est indéniablement quelque chose que l’on va faire, inconsciemment et automatiquement, quand on ne connaît pas quelque chose. Si je n’aime pas, je l’écarte et je peux en avoir peur comme je ne l’aime pas. Mais si je l’aime, la question que l’on peut se poser est assez simple : « qu’est-ce qui me plaît là-dedans ? », « est-ce que ça me rappelle quelque chose d’agréable ? », « est-ce que ça me rappelle un environnement que je connais ? ».
Ça peut être ce que tu dis : « ça, ça me rappelle le marron chaud qu’on fait griller dans la rue », ou « ça me rappelle les marrons chauds que cuisinait ma grand-mère ou mon grand-père », parce que, forcément, les parfumeurs l’ont sans doute déjà vécu et ont fait en sorte de retranscrire en odeurs ces sentiments-là dans un parfum. Alors c’est peut-être un peu nian-nian à dire, mais nous, les parfumeurs, comme on est des créateurs d’émotions quelque part, on va traduire ce que l’on a vécu en odeurs, transmettre des émotions dans un flacon. Ça rappelle forcément des émotions les parfums, parce que ce sont des mélanges d’émotions, il y a plein d’émotions dedans.
Après, ça parlera à ceux qui ont vécu la même chose ou pas d’ailleurs. Car finalement, l’émotion ou le ressenti que l’on a quand on sent un parfum, on va se l’approprier, le relier à sa propre vie, à son propre vécu. Par exemple, quand on veut créer une note vanillée, on y met une inspiration et une intention derrière, donc cette odeur va forcément faire rappeler à quelqu’un la crème brûlée que faisait sa grand-mère ou son grand-père ou son cousin, l’odeur du sucre vanillé qu’on utilise pour faire un gâteau, ou l’odeur de son gel douche à la vanille.
Je pense que c’est ça, « savoir sentir », c’est s’ouvrir à ses propres ressentis, à ses propres émotions, à son propre vécu.
QUELQUES HUMBLES CONSEILS POUR S’EXERCER A L’OLFACTION ET METTRE DES MOTS SUR UN PARFUM
Retrouvez nos humbles conseils pour affiner votre sens de l’odorat et vous essayer à la pratique de l’olfaction et de mettre des mots sur une odeur. Une affaire parfois intimidante, mais délicieuse.