2 façons de sentir un parfum
Il existe, dans le cas de la parfumerie fine, deux façons de sentir un parfum : sur papier et sur peau. Créer un parfum, c’est l’art d’assembler des odeurs. Voici concrètement, comment nous sentons ces assemblages.
AGENDA
Sentir un parfum sur papier
Il existe, dans le cas de la parfumerie fine, deux façons de sentir : sur papier - celui-ci s’amuse à prendre tantôt le nom de « touche à parfum », « touche à sentir » ou encore « mouillette » pour les intimes - et sur peau. Dans ce paragraphe, il est question de cette fameuse mouillette.
La mouillette est au parfumeur, ce que le stylo (ou le clavier) est à l’écrivain. En plus du nez et de la palette d’ingrédients, la mouillette est l’outil indispensable pour sentir, évaluer, analyser, comparer et travailler un parfum dans les moindres détails olfactifs.
Ces mouillettes sont fabriquées à partir d’un papier tout à fait spécial. En effet, nous ne pouvons pas utiliser n’importe quel papier qui traîne. Le papier utilisé est un papier haut de gamme en fibres longues, que l’on nomme « papier buvard » permettant de capturer l’odeur entre ses fibres et de restituer fidèlement les fragrances grâce à son ph neutre.
On dispose ensuite ces mouillettes entre les doigts, de manière à créer un bel éventail dans la main. Les mouillettes sont suffisamment espacées pour que les odeurs ne se mélangent pas et que chaque parfum s'exprime dans son propre espace.
Ces mouillettes finissent leur journée sur un porte-mouillettes - objet tout à fait utile lorsqu’elles sont nombreuses – pour être par la suite recyclées. Les préférées et les plus utilisées par les parfumeurs et les métiers de la parfumerie sont souvent celles qui sont larges à bout rond.
Sentir un parfum sur peau
La deuxième façon de sentir un parfum en parfumerie fine s'expérimente sur un support complètement différent du papier, celui de la peau.
La peau est littéralement là où le parfum finira sa vie, là où il sera vaporisé in fine. La peau est un support olfactif vivant qui rend l’aventure de création encore plus exaltante, précise et minutieuse.
C’est là, dans le grain de la peau, selon qu’elle soit acide ou peu, selon ce que nous avons mangé, selon que nous soyons femme ou homme, âgé ou jeune, que le parfum se déploie, prend du galon, s’exprime à sa façon, s’accompli et diffuse autour de lui sa signature ou s’entête et retombe comme un soufflé.
Sentir un parfum sur peau demande d’avoir des gens prêts à la prêter pour que les parfumeurs puissent évaluer leur parfum dans des conditions réelles, véritables. Les différents essais sont en général vaporisés sur la peau à l’intérieur du bras par 3 ou 4 maximum, et sont disposés à l’aveugle, à l’aide de gommettes colorées. A tour de rôle, le parfum et tous les experts olfactifs sentent sur la peau les différents essais sans savoir quel parfum correspond à quelle gommette.
La peau pourra confirmer la direction olfactive et la faire progresser vers plus de sillage, de gérer l’impact olfactif au contact de la peau, de polir les dosages et les équilibres. Et parfois, de supprimer et de remettre en question tout un travail fait jusque-là.
Si la mouillette est neutre, la peau, elle, vient colorer avec son unicité l’œuvre olfactive.
Travailler un parfum sans le sentir sur la peau, c’est rester en terrain conquis. Car oui, il existe autant de parfums différents qu’il existe de peau unique. La peau provoque, questionne, écoute, interrompt et dialogue avec ce que le parfum a à dire.
Le jeu d’équilibre peau-papier et la question du temps
Composer et développer un parfum relève d’un travail des plus exigeants.
En effet, il faut savoir qu’un parfum ne sent pas pareil sur mouillette, sur peau, dès qu’on l’a vaporisé ou 5 minutes plus tard, au bout de deux heures et à la fin de la journée. Le parfum est vivant, il change et se déploie de façon différente sur chaque support et à chaque instant.
C’est donc un travail intense et de toutes les concentrations : un parfum peut être absolument génial sur mouillette, et finalement il devient silencieux, « trop ci » ou « pas assez ça ». Un parfum qui n’était pas favori sur mouillette peut être follement surprenant sur la peau. Et au bout de 5 minutes, cela peut complètement changer, comme à la fin de la journée. Le travail est, lui aussi, vivant, changeant et instable durant les phases de développement.
Au quotidien, le parfumeur compose, évalue et affine ses essais au quotidien grâce à la mouillette. Une fois satisfait de l’équilibre du parfum, le parfumeur et tous les experts olfactifs avec lesquels il travaille font passer une sélection d’essais parfumés, comme un casting, à l’épreuve de la peau.
La peau intervient souvent dans un deuxième temps, lorsque le parfum est suffisamment « mature » dans sa réflexion, c’est-à-dire que la structure olfactive est là et que les grandes directions olfactives sur papier ont été prises.
Le parfumeur, pour certains projets, porte lui-même sur sa peau, le parfum qu’il développe. En effet, cela lui permet de vivre avec le parfum tout au long de la journée ou de la soirée pour l’évaluer et pouvoir le retravailler le lendemain à partir de son propre vécu avec le parfum. Mais c’est un luxe qu’il n’est pas toujours possible de réaliser car la réalité pour de nombreux parfumeurs est qu’ils travaillent sur de multiples projets en même temps.
Composer un parfum est un travail de grande minutie olfactive qui se fait chaque jour, pendant plusieurs semaines, mois ou années, en de multiples essais, à l’aveugle et au nez en usant de gommettes colorées, pour trouver une signature aboutie et un équilibre parfait sur la peau.
Comment nous avons fait chez Bontemps Paris
Chez Bontemps, nous avons développé nos propres mouillettes personnalisées avec Scentis, le spécialiste Grassois des touches à sentir, fabriquées au cœur du pays de Grasse à partir d’un papier de haute qualité, aux fibres longues pour capturer l’essence du parfum et au PH neutre pour restituer fidèlement l’odeur. Un papier certifié FSC que nous avons souhaité garder dans son aspect brut.
Puis, nous avons senti et travaillé, avec joie et sérieux à la fois, depuis un an et tous les jours, nos parfums, sur papier et sur notre propre peau, pour qu’ils soient un délice à porter, avec leur propre touche de caractère.
📌 Retrouvez-nous sur Instagram @bontempsparfumeur_paris pour découvrir nos coulisses au quotidien.
Les Racines
Les racines en parfumerie, comme en cuisine, sont-elles vouées à être mal-aimées ? Chez Bontemps, on se plait à leur redonner un peu de lumière.
Les racines en parfumerie, comme en cuisine, sont-elles vouées à être mal-aimées ? Chez Bontemps, on se plait à leur redonner un peu de lumière.
Les racines sont des matières odorantes utilisées en parfumerie fine, mais ce n'est pas une famille olfactive reconnue dans le monde du parfum. Les racines sont plutôt un groupe de matières premières, comme les graines, les fleurs, les agrumes...
Mais, chez Bontemps, nous aimons les considérer comme une famille odorante à part entière parce que nous trouvons que ces matières “racines” ont un petit quelque chose odorant en commun.
Regardons ça d’un peu plus près.
AGENDA DES RACINES
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AGENDA DES RACINES •
PETIT POINT BOTANIQUE, QU’EST-CE QU’UNE RACINE EN PARFUMERIE ?
Les racines sont une partie de la plante allant sous la terre pour la maintenir au sol et pour aller chercher les éléments dont elle a besoin pour grandir et vivre, principalement de l’eau et des minéraux. Ce sont de longues fibres qui poussent à la verticale sous terre.
Comme les racines, le rhizome pousse sous la terre, au ras du sol ou sous l’eau et permet de fixer la plante, de la nourrir et de la reproduire.
QUELLE DIFFERENCE ENTRE UNE RACINE ET UN RHIZOME ?
Contrairement aux racines, le rhizome est une sorte de « réserve » pour la plante car il contient tous les nutriments dont elle a besoin. Il peut donc émettre des tiges aériennes et des racines souterraines. Le rhizome pousse horizontalement le long du sol, et les plantes partent dans toutes les directions.
QUELLE UTILISATION EN PARFUMERIE FINE ?
D’un point de vue « odorant », il n’y a pas tellement de différence notoire entre une racine et un rhizome, la différence olfactive se jouera dans les odeurs qu’émane la plante elle-même.
En parfumerie, on utilise souvent les racines pour composer un parfum. En effet, les odeurs d’une plante ou d’un végétal se cachent parfois dans les racines ou les rhizomes : c'est seulement à cet endroit-là que l'on arrive à capturer et extraire le parfum du végétal.
C'est le cas par exemple de l'iris ou du vétiver. L'iris est une fleur, mais son odeur florale se trouve dans son rhizome (et pas dans ses pétales). Le vétiver est une plante composée de plein de tiges, mais son odeur boisée se trouve dans ses racines.
L’ODEUR DE RACINE, QU’EST-CE QUE ÇA SENT ?
La question est particulièrement difficile, car chaque odeur de racine est différente. Peut-être même un peu plus délicate que les autres familles olfactives, puisqu’aujourd’hui ces odeurs-là sont déjà classées dans les familles olfactives traditionnelles. Par exemple, le vétiver est une plante dont on extrait l’odeur via ses racines, qui sera classée en odeur « boisée » donc dans la traditionnelle famille olfactive des bois.
Mais, le dénominateur commun des odeurs de « racine » est celui de la terre. Comme cette partie de la plante a vécu sous terre, nous pouvons sentir en sous-ton une odeur terreuse, un peu poussiéreuse, parfois un peu sale, sauvage, sombre et profonde.
Malgré tout, les odeurs de racines ont chacune un profil olfactif propre. Pour tenter de décrire les différentes odeurs de racine, chez Bontemps, nous avons envie de prendre l’odeur par les sentiments, en faisant confiance à ses propres ressentis tout en les croisant avec notre savoir-faire et l’expertise de nos partenaires en parfumerie fine.
LES 4 ODEURS DE RACINES LES PLUS UTILISEES EN PARFUMERIE FINE, SELON BONTEMPS PARIS
Chez Bontemps, nous regroupons les racines comme une famille odorante, proche de la matière. Nous avons sélectionné les 4 odeurs de racine les plus emblématiques et utilisées en parfumerie fine dans la composition de parfums fins.
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Le vétiver est une plante composée de plein de petites tiges. En parfumerie, ce sont dans les racines que l'on trouve le parfum du vétiver. Cette matière première est traditionnellement classée dans la famille olfactive des bois.
En effet, elle diffuse une odeur de bois, à la fois sèche et rugueuse, particulièrement fraiche, qui lui donne une belle élégance. Sa spécificité est qu’elle dégage un ton olfactif terreux assez marqué, qui rappelle ses racines ayant poussées dans la terre.
Le parfum le plus emblématique du vétiver pour Bontemps Paris est l’indétrônable Terre d’Hermès.
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L’iris est une fleur bien connue, pourtant on extrait son odeur par le rhizome, qui se développe sous terre. L’iris est classée traditionnellement dans la famille olfactive des fleurs.
Mais, au sein de la famille des fleurs, elle est classée à part puisqu’elle ne ressemble à aucune autre.
On dit que l’iris dégage une odeur irisée – qui selon nous, se traduit par une odeur poudrée, douce, raffinée, coquette et un peu cosmétique dû à ses notes de fleur de violette, très souvent utilisée pour parfumer les poudres de maquillage.
Elle diffuse en sous-ton une odeur terreuse, rappelant un côté légèrement sous-bois, avec une facette un petit peu poussiéreuse, presque sale, sauvage et brute.
C'est une odeur unisexe : elle est utilisée aussi bien dans les parfums féminins que masculins.
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L’angélique est une plante, présentant des petites fleurs sous forme d’ombrelle comme un mini feu d’artifices, dont l’odeur se trouve à la fois dans les graines de la fleur, et dans les racines.
L’angélique diffuse une odeur en général verte, que l’on décrirait comme une tige végétale que l’on casse, des tiges de bouquets de fleurs fraiches, avec un côté herbe et légume, entre le petit pois et le haricot vert. C’est une odeur puissante, avec des notes poivrées qui chatouillent le nez.
En revanche, les racines dégagent une note bien sûr terreuse en sous-ton mais aussi une odeur plus sage et plus musquée – c’est-à-dire plus douce, plus poudrée, plus cachemire, un peu doudou.
On la convoque souvent dans un parfum parce qu’elle nous rappelle un peu la délicatesse d’une odeur de peau.
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Le gingembre est une épice asiatique, largement utilisée et répandue dans nos cuisines aujourd'hui. C'est aussi un rhizome dont on extrait l'odeur pour la parfumerie fine.
Le gingembre est un parfum épicé qui diffuse des notes fraiches, puissantes et pétillantes avec son côté poivré qui chatouille le nez, accompagnées de notes un peu citronnées, savonneuses, vives, acerbes et astringentes.
Mais au-delà de cette odeur épicée, le parfum du gingembre n’en est pas pour autant privé d’un sous-ton terreux.
Le sous-ton est délicat et fin qui se présente sous un aspect un peu poussiéreux, sec et maladroitement boisé.
nota bene
En parfumerie, en général “l’ingrédient” est plutôt nommé “matière première”. Une matière première, c’est tout simplement un composant dans un parfum, comme la farine dans le pain.
QUE NOUS FONT RESSENTIR LES ODEURS DE RACINES ?
Comme il est bien difficile de nommer ce que l’on sent, chez Bontemps, nous avons pensé à conjuguer les odeurs et les sentiments et tous les autres ressentis qu’elles nous procurent.
Les odeurs de racines sont des notes olfactives brutes, qui transmettent une certaine force reliée à la terre. Elles peuvent nous faire ressentir un ancrage, une sorte d’apaisement, de calme, de stabilité, à l’image de la plante qui se fixe dans le sol.
Le défi des odeurs « racines » et de ces notes de terre sera de contrebalancer cette odeur de « vieux », donné par leur côté sale, ancien et un peu poussiéreux que l’on peut sentir en sous-ton. Un parfum est fait pour sentir bon, beau, avec des notes olfactives que l'on a plaisir à porter et à sentir.
Mais, les facettes sales et sauvages présentes et communes à toutes les odeurs naturelles ont un fabuleux pouvoir : elle apporte cette part d'âme au parfum, à la fois profonde, dense, intense, complexe et puissante.
QUAND LES PORTER ?
En général, lorsque l’on porte un parfum, on reste assez fidèle aux saisons. Ainsi, l’iris avec son côté poudré, parfois étouffant, serait plus à même d’être portée en automne et en hiver, voir en mi-saison. Un parfum gingembre sera plus agréable à porter en été puisqu’il est frais et diffuse une énergie propre à cette saison. Tandis que le vétiver par sa fraicheur et sa puissance, peut-être porté toute saison, tout comme l’angélique, qui si l’on appuie sur ses notes vertes, sera plus appropriée pour le printemps.
En vérité, tout dépendra de la composition olfactive finale, des réactions entre les odeurs dans la formule, de leur quantité, ainsi que de la typicité de la racine qui diffusera des facettes olfactives différentes selon la plante ou le végétal sélectionné.
QUI PEUT LES PORTER ?
Les parfums « racine » sont des parfums que nous considérons chez Bontemps comme mixtes. Femme ou homme ou autre, ils sont portables par tous. Comme nous l’avons expliqué, les racines se déclinent en une palette de facettes olfactives riches et nuancées. Pour porter un parfum, n’oubliez pas l’essentiel : le sentiment que vous ressentez en le portant sur votre peau, selon votre état d’âme.
Si ce sentiment vous correspond et que vous vous sentez bien dans l’odeur que vous portez, alors la réponse est simple : portez-la.
CHEZ BONTEMPS, NOUS SOMMES POUR UNE NOUVELLE FAMILLE ODORANTE, CELLE DE LA RACINE, COMME UN ELOGE A LA TERRE
Les familles olfactives sont essentielles pour tenter de décrire une odeur et classer les parfums. Elles doivent nous apporter un repère tout en prenant en compte les époques passées et celle dans laquelle nous vivons.
Aujourd’hui, aucune classification idéale n’existe. Dans chaque maison de parfum, il y a une classification différente propre à chacune.
Ce que nous remarquons aujourd’hui, c’est la confusion qui émane entre la matière première brute - l'odeur - et la composition d'un mélange odorant - le parfum.
Vouloir classer les types de matières premières brutes (fleurs, bois, agrumes, etc) et les accords et schémas de parfums, qui sont des assemblages de plusieurs matières premières (Colognes, Chypres, Orientaux) est limitant et rend le monde odorant complexe à utiliser et difficile à comprendre.
Quelle est la différence entre odorat et olfaction ?
Ceci est un voyage au cœur du sens olfactif. Voici nos conseils accompagné d’un lexique simple pour mettre à nue la complexité qui habille ces mots.
Ceci est un voyage au cœur du sens olfactif.
Comment parler de parfum sans revenir aux sources, sans évoquer ce qui fait notre passion du métier de parfumeur ou d’amateur de parfum : sentir.
Sentir, sans omettre tous les mots satellites qui gravitent autour de ces six lettres : le sens olfactif, l’odorat, l’olfaction, les familles olfactives, les parfums, les odeurs, les effluves, les essences, les molécules odorantes et autres corps odoriférants.
Chez Bontemps, nous sommes guidés par une mission simple qui nous tient terriblement à coeur, celle de partager une parfumerie de passion et de transmettre les mots du parfum.
Voici nos conseils accompagné d’un lexique simple pour mettre à nue la complexité qui habille ce verbe, en espérant vous donner les repères pour cheminer dans le monde du parfum, dans une allure aussi curieuse que joyeuse.
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Le sens de l’odorat ou le sens de l’olfaction ?
Mettons fin à tout désir de suspens : la différence entre odorat et olfaction ? Il n’y en a pas vraiment.
C’est simplement une question de langage, ce sont deux mots qui signifient la même chose, au fond.
Mais, pour les métiers de la parfumerie, sans doute existe-t-il une légère différence tout à fait subtile entre les deux.
Nous dirions que l’odorat est ni plus ni moins le sens relié au nez. Comme la vue est reliée aux yeux, l’ouïe à l’oreille, le goût à la bouche et le toucher à la main.
Peut-être est-ce une perception inconsciente, ou sans doute quelque chose de culturel dans le milieu du parfum, mais l’olfaction serait différente, un cran au-dessus. L’olfaction est un métier. C’est sentir. C’est un savoir-faire. C’est littéralement une mission, un travail, une tâche à faire.
Olfaction, odorat, odeur : petit lexique autour des mots du parfum
Histoire de partir sur des bases en bonne et due forme, voici un lexique simplifié autour du sens de l’olfaction, sans prétentions.
Faites-y un tour à votre convenance, glisser dans les mots du parfum à l'envie.
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Fait référence au concentré alcoolique dans lequel est conservé le parfum, composé de plusieurs matières premières
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Synonyme d’odeur
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Catégorie regroupant un ensemble d’odeurs ou de parfums qui se ressemblent pour se repérer et en faciliter la description
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Liquide composé d’odeurs qui s’échappent dans l’air, qui est en général extrait d’un corps végétal, d’une plante, d’un arbre, d’une fleur
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Organe, cette partie du corps qui permet le sens de l’odorat
Il est aussi le nom qui évoque le métier de parfumeur
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L’un des 5 sens parmi le gout, la vue, le toucher et l’ouïe
L’olfaction ou l’odorat est le sens qui permet de percevoir les odeurs
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Synonyme d’olfaction
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Manifestation invisible et éphémère qui se déplace dans l’air, comme un gaz, et qui se perçoit par le sens olfactif, les organes de l’odorat, comme le nez
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Un parfum est une odeur qui se compose de plusieurs molécules odorantes naturellement émises par une plante, un animal, un environnement
Un parfum peut aussi être composé par la main de l’Homme en mélangeant plusieurs matières premières et molécules odorantes pour créer une harmonie olfactive que l’on porte sur la peau, que l’on vaporise dans l’air ou que l’on ajoute dans tout autre support pour que « ça sente bon » (lessive, déodorant, gel douche, litière, produits ménagers…)
L’olfaction : un vrai métier en parfumerie
« Est-ce que tu es disponible pour qu’on sente dans 5 minutes ? »
« Non, je sens déjà avec Lucette ! »
(sans jugements, c’est vrai que les anciens prénoms sont tendances, mais c’est le premier à être sorti du clavier).
En général, l’olfaction est au cœur de plusieurs métiers, c’est un sens qui relie les gens entre eux. Parce qu’au fond, la parfumerie, c’est un peu comme la gastronomie. Les métiers s’articulent autour d’un sens, l’odorat pour le premier, le goût pour le second.
Comme le goût, l’odorat ou l’olfaction est une expérience personnelle puisque chacun sent avec son nez, mais c’est un véritable ballet qui se fait à plusieurs.
En gastronomie, il y a les cuisiniers, les chefs, les commis, les agriculteurs et cultivateurs, les marchés, les restaurants, les critiques, les photographes, les écrivains, les commerciaux et les marketeurs, les journalistes, les passionnés du goût… Et les clients.
En parfumerie, c’est finalement pareil, sauf que les noms des métiers ne sont pas les mêmes, et que le sens est différent. Il y a les parfumeurs-créateurs, les évaluateurs, les parfumeurs-analystes, les chimistes, les fermiers et cultivateurs, les distributeurs, les boutiques, les critiques, les photographes, les écrivains, les commerciaux et les marketeurs, les journalistes, les passionnés de l’odorat… Et les clients.
« On se voit tout à l’heure en réunion olfaction. »
« Tu as senti les derniers essais ? T’en penses quoi ? »
« Tiens, sens et dis-moi ce que tu en penses. »
Dans cette scène, les gens s’activent autour d’un attirail de petites fioles, de mouillettes (ou touches de papier à sentir), de papier et de stylo ou d’ordinateur – et oui, il y a deux écoles, comme dans la plupart des métiers.
On sent un essai de parfum comme on débouche une bouteille de vin. D’abord, on se retrouve autour de la table. Sur cette table, différents essais, comme différents vins. On les ouvre en retirant le bouchon – pour un vin on débouche, pour un parfum on dévisse.
Ensuite, on prend plusieurs mouillettes que l’on vient tremper dans le jus de cette petite fiole pour imbiber le papier d’odeurs, comme on verserait un peu de vin dans chaque verre de dégustation.
Puis, chacun prend une mouillette dans sa main, et l’apporte à son nez pour sentir. Comme chacun prendrai son verre de vin et commencerai par sentir puis goûter. Un silence religieux s’installe quelques secondes.
D'un coup, c’est l’échange. Comme une discussion animée entre amis.
Et c’est aussi plaisant que de déguster un verre de vin – bon ou mauvais, peu importe. Car le principal, c'est bien de se réunir ensemble, autour de ce qu'on aime pour sentir, pour déguster, pour partager, pour comprendre et finalement, pour se reconnecter et ressentir des émotions.
Pour en savoir plus sur le savoir-faire de l’olfaction, on se retrouve avec la sensibilité et la générosité de Florian Gallo, parfumeur-créateur dans l’une des plus exigeantes maisons de composition, dsm-firmenich.
CHEZ BONTEMPS, NOUS VOULONS PRENDRE LE PARFUM PAR LES SENTIMENTS
Si le parfum pouvait parler, si nous pouvions le goûter, nous aimerions qu’il nous raconte ses odeurs simplement, avec le coeur. Bontemps est né de l’envie de partager une parfumerie de passion - des créateurs aux fabricants - et de transmettre son langage de façon humble et vraie.
Nous voulons mettre des mots sur le parfum qui soient plus parlants qu’une matière première, plus universels et donc plus proches de vous.
Nous voulons explorer la palette des sentiments avec lesquels nous pourrions rendre accessible le langage des odeurs, si complexe et impalpable.
Transmettre « ce que ça sent » par les émotions, les sentiments, les sensations et les ressentis, pour vous aider à mieux comprendre le parfum et goûter au plaisir de sentir.
3 livres indispensables pour la rentrée
Voici notre sélection des 3 livres indispensables pour la rentrée, pour une savoureuse mise en bouche de mots et d’histoires passionnantes sur le parfum.
AGENDA
Petit lexique des amateurs épris d’odeurs et de parfums
Le “Petit lexique des amateurs épris d’odeurs et de parfums” a été publié aux éditions Actes Sud et écrit par Jean-Claude Ellena et Lionel Paillès, le premier maître parfumeur, le second journaliste et écrivain, tous deux renommés, aussi experts que fous amoureux des mots et des odeurs.
L’avant-propos est une brillante mise en bouche de ce qui suivra c’est-à-dire “un jeu de mots, d’émotions et d’odeurs” qui nous emmène au plus près d’une matière, puis au beau milieu de ce que signifie le beau ou de ce qu’est une chromatographie (il n’est pas question ici d’un test médical), mais aussi de la peau, de l’amour, de l’ivresse, de Paris, de Grasse, de la Guerlinade, de Jean Giono et d’Alain Souchon.
A dévorer 🌞
Les Parfums : histoire, anthologie, dictionnaire
“Les Parfums : histoire, anthologie, dictionnaire” aux éditions Bouquins et Robert Laffont par l’auteur, professeur, docteur en histoire et experte de la parfumerie Elisabeth de Feydeau, avec le soutien de dsm-Firmenich, l'une des plus exigentes maisons de composition de parfums, est à considérer comme un investissement pour la vie et au-delà.
Ici, il est question d’un savoir infini sur la parfumerie à savourer, préserver, partager et transmettre. Il est l’outil pour se référer à un mot précis, comme le partenaire qu’on convoque un dimanche après-midi pour une lecture bien choisie.
Les pages sont aussi fines que des feuilles de cigarette, à tourner d'un geste délicat.
Une Histoire de Parfums, 1880-2020
La bible ultime pour la rentrée, à offrir ou s’offrir, est “Une Histoire de Parfums, 1880-2020” de la collection Nez Culture paru chez Nez écrit par Yohan Cervi, auteur, critique et conférencier spécialiste de l’histoire de la parfumerie moderne, en collacobration avec des grands noms et acteurs du parfum.
Comprendre la parfumerie d’aujourd’hui depuis la Belle Epoque, à travers ses grands succès, sous le plus authentique des regards : celui de la vie qui s’est écoulée, entre événements heureux ou dramatiques, sculptant ainsi les époques, dont on éprouve une certaine nostalgie une fois qu’elles sont passées.
La promesse d’un voyage olfactif dans le temps qui nous fait l’effet d’avoir des coeurs dans les yeux 🤗
LA MINUTE LIBRAIRIE
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Comment parler d’un parfum ?
Comment trouver les mots pour exprimer ce que ça sent ? Voici tous nos humbles conseils pour affiner son sens de l’odorat.
Parler d’un parfum peut être un art intimidant faisant rougir les joues les plus pâles, mais en réalité, c’est une affaire délicieuse.
En tant qu’amateur ou novice intéressé, parler d’un parfum relève souvent, sinon toujours, d’une aventure tumultueuse.
Si bien que l’image venant illustrer cette sensation pourrait se décrire ainsi : la solitude qui flirte avec la gêne lorsque notre nez se met à sentir, que notre corps ressent et que notre bouche s’entrouvre, totalement muette, face aux mots qui ne viennent pas.
Jusqu’à ce que quelqu’un trouve le mot juste, nous délivrant du silence et nous entraînant vers l’automatique réaction « oui c’est ça, maintenant que tu le dis ».
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LE VRAI SECRET POUR PARLER D’UN PARFUM
Dévoilons d’entrée de jeu le vrai secret pour parler d’un parfum.
En dehors de tout diktat ou de tout schéma imposé, décrire un parfum passe avant tout par le ressenti, le souvenir et sa façon de l’exprimer.
Commence alors un vrai travail de mémoire et de voyage intime qui ne peut s’ancrer qu’en le partageant.
En exprimant ses ressentis et ses souvenirs, on se connecte à ceux des autres qui viendront valider ou non ce que l’on sent ou ressent pour cette odeur.
Ainsi, la seule question à se poser dès que l’on sent une odeur ou un parfum, au-delà du « j’aime, je n’aime pas », serait celle-ci : à quoi cette odeur me fait penser, qu’est-ce que je ressens ?
Il est crucial de rappeler que l’exercice est subjectif et que la mauvaise ou bonne réponse n’existe pas, mais le collectif nous permet d’être aguerri et d’achever l’apprentissage dans un cadre rassurant. Le voici.
LES OUTILS POUR DECRIRE UN PARFUM, C’EST COMME UN CADRE QUI VIENT ENTOURER LE TABLEAU DES EMOTIONS OLFACTIVES
Pour aider à savoir ce que sent un parfum, un accord ou une matière première, les professionnels du parfum ont créé un certain nombre d’outils comme les familles olfactives ou la pyramide olfactive.
Les familles olfactives permettent de classer les parfums par catégorie pour pouvoir décrire leurs principales odeurs.
Tandis que la pyramide olfactive est un outil marketing pensé comme une grille de lecture, sous la traditionnelle forme “tête, coeur, fond”.
Le parfum est d’abord décrit par une première impression générale olfactive que l’on appelle “notes de tête”, puis la signature ou l’essence même du parfum est donné par les “notes de coeur” et enfin, les odeurs persistantes qui restent à la fin dans le temps sont les “notes de fond”.
Retrouvez toutes les familles olfactives pour classer un parfum dans notre classification des odeurs.
METTRE DES MOTS SUR UNE ODEUR : LE TRAVAIL PREMIER D’UN PARFUMEUR
Comme pour apprendre une nouvelle langue, apprivoiser son nez demande du temps, de la pratique et de la passion.
Il n’y a ni magie, ni super-pouvoir.
Sauf peut-être celui d’une sensibilité affutée. Pour composer un parfum, il faut d’abord savoir en parler. Le travail premier d’un parfumeur est celui de mettre des mots sur une odeur.
Comment faire concrètement ?
Tout simplement, sentir et noter tout ce que l’on ressent sur l’odeur en question, sans le moindre jugement ni la moindre critique qui risquerait de briser le processus d’apprentissage.
L’effort se trouve dans l’écoute de sa propre sensibilité et de sa mémoire. Car, au contraire des autres sens, le sens olfactif est le seul à être directement connecté aux deux parties du cerveau responsables des émotions et des souvenirs.
CHEZ BONTEMPS, NOUS VOULONS PRENDRE LE PARFUM PAR LES SENTIMENTS
Bontemps est né de l’envie de partager une parfumerie de passion - des créateurs aux fabricants - et de transmettre son langage de façon humble et vraie.
Nous voulons mettre des mots sur le parfum qui soient plus parlants qu’une matière première, plus universels et donc plus proches de vous.
Nous voulons explorer la palette des sentiments avec lesquels nous pourrions rendre accessible le langage des odeurs, si complexe et impalpable.
Transmettre « ce que ça sent » par les émotions, les sentiments, les sensations et les ressentis, pour vous aider à mieux comprendre le parfum et goûter au plaisir de sentir.
Si le parfum pouvait parler, si nous pouvions le goûter, nous aimerions qu’il nous raconte ses odeurs simplement, avec le coeur.
Comprendre le savoir-faire de l’olfaction avec un nez
Rencontre avec les savoir-faire sensoriels. Ici, celui de l’olfaction, avec Florian Gallo, parfumeur-créateur dans l’une des plus exigeantes maisons de composition de parfum, dsm-firmenich.
Un savoir-faire, c’est un tour de main.
C’est « une habileté manuelle ou intellectuelle, une compétence acquise par l'expérience, par l’apprentissage dans l'exercice d'un métier, d’un art, d’une discipline », nous explique le dictionnaire.
Dans le cas de l’olfaction, on aime effleurer l’idée d’un savoir-faire sensoriel, lié au sens de l’odorat, au « nez ». C’est le « savoir sentir ».
C’est savoir exprimer par les mots les ressentis que nous procurent une odeur, comme on exprimerait les arômes d’un vin ou les saveurs d’un plat.
Rencontrons aujourd’hui un fin connaisseur de l’olfaction, Florian Gallo, parfumeur-créateur dans l’une des plus exigeantes maisons de composition de parfums à Paris, dsm-firmenich, pour apprécier cette première mise en bouche, aussi spontanée que soignée, du savoir-faire de l’odorat.
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Comment fais-tu pour te connecter au monde ambiant, aux odeurs ?
Est-ce qu’il y a une technique ou des bonnes pratiques pour savoir sentir ?
As-tu un exemple à nous partager ?
Pourquoi c’est différent pour un parfum ?
Comment sentir des matières premières quand on n’est pas du monde de la parfumerie ?
Est-ce qu’on peut s’entraîner à sentir avec une ambiance, un environnement olfactif dans lequel on vit au quotidien ?
LE SAVOIR-FAIRE DE L’OLFACTION, QU’EST-CE QUE C’EST ? EST-CE UN DON OU TOUT LE MONDE PEUT APPRENDRE A SENTIR ?
Florian Gallo : Tout le monde pense que c’est un don, mais, ce n’est pas un don du tout. Tout le monde a la capacité de savoir sentir. L’olfaction est un savoir-faire qui s’apprend, qui se travaille, qui se développe.
Au départ, ça commence tout simplement par une envie. Et puis, pour arriver à déchiffrer les odeurs, les parfums, la qualité principale avant toute chose est la sensibilité. Si l’on dispose d’une personnalité sensible, on sera plus alerte et plus facilement connecté au sens olfactif dans sa vie. Il y a un aspect un peu méditatif aussi. En se concentrant vraiment dans le moment présent, on devient beaucoup plus ouvert et plus conscient des odeurs autour de soi.
Finalement, les deux qualités les plus essentielles au savoir-faire de l’olfaction, selon moi, c’est premièrement, la sensibilité, l’ouverture d’esprit, le fait de prendre le temps de se connecter au monde ambiant avec toutes ses odeurs, et deuxièmement, ce travail de concentration, cette volonté d’apprendre.
CONCRETEMENT, COMMENT FAIS-TU POUR TE CONNECTER AU MONDE AMBIANT, AUX ODEURS, JUSTEMENT ?
F.G : Je le fais de façon inconsciente. Je pense que mes collègues parfumeurs le font aussi. On est sans arrêt en alerte vis-à-vis du monde ambiant, des odeurs qui nous entourent, des odeurs que l’on peut sentir tous les jours. Le matin par exemple, je me réveille et je sens tout, du dentifrice au gel douche. Je remarque certains matins que je vais mieux sentir ou sentir de façon plus puissante que la veille. Ça relève de l’habitude, d’une routine quotidienne, un peu comme un scroll sur les réseaux sociaux.
Et après, le secret pour « savoir sentir » est de se servir de sa mémoire et de ses émotions. Ce que l’on nous apprend dans les écoles de parfumerie, dans mon cas, à l’ISIPCA à Versailles (Institut Supérieur International de la Parfumerie, de la Cosmétique et des Arômes) ou dans l’école interne d’une maison de composition de parfums à Grasse, c’est être capable d’associer un souvenir, une émotion, aux odeurs que l’on sent, que l’on apprend et de les exprimer en détail.
EST-CE QU’IL Y A UNE TECHNIQUE OU DES BONNES PRATIQUES POUR SAVOIR SENTIR ?
F.G : Il y a plein d’apprentissages et de méthodes différentes pour apprendre les odeurs. Celle que j’ai apprise, qui est le travail d’un parfumeur, d’un élève parfumeur, et qui est aussi la plus réputée, c’est la méthode d’olfaction par Jean-Carles.
Jean-Carles était un parfumeur grassois très reconnu, au temps de la parfumerie du début du 20° siècle. Il était aussi un grand professeur et pédagogue puisqu’il a créé des théories et des bonnes pratiques pour exercer le savoir-faire olfactif de façon quotidienne et pour apprendre le métier de parfumeur dans la création de formules de parfum.
La méthode Jean-Carles pour apprendre à mémoriser les odeurs et les classer est finalement assez simple. Ça consiste en un tableau à double-entrée. D’un côté, il y a les colonnes « familles olfactives » qui vont permettre de classer les matières premières de la parfumerie par catégorie : fleurs, bois, agrumes, etc. De l’autre côté, il y a les lignes « études », qui correspondent aux matières premières étudiées. Dans chaque étude, on aura forcément une fleur, un bois, un agrume, etc.
L’idée, c’est d’abord de remplir toutes les lignes du tableau, et ensuite de sentir les matières premières de chaque colonne, donc de chaque famille olfactive, pour apprendre à les différencier entre elles. C’est ce qu’on appelle l’olfaction par contraste ou par comparaison.
Dans l’école à Grasse où j’étais, mon professeur m’avait conseillé et demandé de rattacher chaque odeur qu’on étudiait à un souvenir, un ressenti, une émotion. On commence comme ça à sentir, avec des souvenirs et des émotions. Après, plus on avance dans l’apprentissage, plus on va être, au fur et à mesure, capable de rentrer dans le côté technique.
AS-TU UN EXEMPLE A NOUS PARTAGER ?
F.G : Il y a une odeur qui me frappe encore aujourd’hui, c’est l’huile essentielle de citron. C’est la première matière première que j’ai appris à sentir. Ce qui m’était venu à l’esprit la première fois, c’était : « ah ça, ça me fait penser aux bonbons citronnés qu’on prend quand on a mal à la gorge », ce côté très acidulé, très bonbon, un peu « Drill ».
Et aujourd’hui, ce sentiment n’a pas changé pour moi, même si j’ai acquis du savoir-faire au fur et à mesure des années. Pour moi, l’odeur de l’huile essentielle de citron, c’est toujours ce sentiment de pastille un peu médicamenteuse, la pastille que je prends quand j’ai mal à la gorge. Mais qu’est-ce qui définit cette émotion, cette sensation ? Car une fois que l’on apprend que l’odeur de citron nous fait penser à « ça », la question suivante est de se demander : « comment, maintenant, je vais différencier le citron de l’orange dans la famille des agrumes ? ».
Par exemple, quand je sens l’odeur de citron, j’ai cette sensation d’acidulé. Pourquoi ça me rappelle ce bonbon-médicament là, parce que c’est acide. Alors que pour l’orange, l’odeur se rapprocherait plus d’un côté « pulpe », ça donne l’impression de la pulpe d’orange, le côté juteux, le côté sucré de l’orange.
En fait, ce qui est intéressant dans le monde de l’olfaction, c’est qu’il n’y a pas vraiment de vocabulaire lié à l’odeur. Les seuls mots « repères » que nous avons, ce sont les familles olfactives. On va se demander : « est-ce que c’est une fleur ? un agrume ? un bois ? ». Mais après ? Il existe tellement d’odeurs de fleurs, de bois ou d’agrumes différentes. C’est à cette étape-là qu’on va commencer à aller dans le détail. Car, pour décrire et exprimer plus précisément une odeur, on va utiliser des mots, qu’on appelle « descripteurs » qui sont liés à l’image, au toucher, au goût, qui sont liés aux autres sens. On ne va pas vraiment utiliser un vocabulaire spécifique de l’odeur, mis à part les noms techniques des molécules. Si je parle d’une odeur verte, fraîche, d’herbe coupée, c’est plus parlant que de dire du « cis-3-hexenol ». Mais, ça, c’est si on veut devenir parfumeur ou travailler dans le savoir-faire de l’olfaction.
C’est comme ça que, petit à petit, jour après jour, mois après mois, on développe un vocabulaire lié à l’odeur. C’est en allant dans ce genre de détails qu’on va se perfectionner. En fait, sentir, ça fascine tout le monde, mais à force de faire l’exercice, ça se fait assez facilement, bien que ça prenne du temps.
Après, je parle uniquement d’un point de vue matière première, car pour un parfum, c’est différent.
POURQUOI C’EST DIFFERENT POUR UN PARFUM ?
F.G : C’est différent parce qu’un parfum, c’est quoi ? Un parfum, c’est un mélange de matières premières, de molécules, qu’elles soient naturelles ou reconstituées, et c’est ce mélange qui donne une composition parfumée complexe. Un peu comme le vin.
Sentir un parfum peut dérouter beaucoup de personnes. On va se dire « ouais, j’aime bien mais je ne sais pas pourquoi j’aime bien ». Et c’est normal. Parce qu’il y a une multitude de matières premières dedans. Il faut avoir un niveau d’expertise assez haut, en tout cas beaucoup de pratique, pour savoir décrire ou reconnaître un parfum.
Par exemple, si vous avez senti un « Shalimar » (Guerlain), c’est un accord typique de l’ancienne parfumerie, un accord de notes ambrées, un accord de base que vous allez potentiellement, avec beaucoup de pratique, ressentir dans d’autres parfums.
D’un point de vue plus simple et didacticiel, « savoir sentir » commence par la matière première avant le parfum. Car vous allez commencer à reconnaître certaines matières premières que vous aurez déjà senti, et ça deviendra de plus en plus simple de sentir un parfum. Vous allez, par exemple, reconnaître le côté acidulé du citron, la note sucrée de l’orange. Ça, ça va vous aider à dévisager un parfum, à retrouver ses différentes facettes, et aussi à savoir quelle matière première vous aimez.
Comme si vous aviez un puzzle déjà formé devant vous et que vous appreniez d’abord chaque pièce de ce puzzle et comment elles s’emboîtent. En commençant par sentir la matière première, c’est comme si on commence par sentir chaque pièce du puzzle, et ça sera beaucoup plus simple pour décrire le puzzle final, parce que vous allez comprendre comment décrire chaque pièce du puzzle qui constitue l’ensemble.
MAIS COMMENT SENTIR DES MATIERES PREMIERES QUAND ON N’EST PAS DE CE MONDE-LA ?
F.G : C’est complexe, c’est vrai. Mais, il y a quand même des choses de tous les jours qui sont possibles à sentir et qui peuvent facilement nous aider à pratiquer l’olfaction.
Par exemple, c’est simple de sentir des agrumes parce que ce sont des matières premières dont on peut avoir facilement l’accès au quotidien et qu’on va utiliser en parfumerie.
En ce moment, c’est la saison des clémentines et des oranges. Vous pouvez vous amuser à gratter la peau d’orange ou de clémentine, c’est là que se trouve l’huile essentielle que vous pouvez sentir. Puis, mémoriser que l’orange, ça sent « ça » pour vous. En parfumerie, on va littéralement utiliser cette huile essentielle dans la composition d’un parfum.
En cuisine, on a aussi les épices par exemple. On peut s’acheter des épices ou aller dans une boutique à épices car toutes les épices que vous allez voir, la plupart sont utilisées en parfumerie : le poivre rose, le poivre noir, la cannelle, la cardamome, la vanille… Et on peut commencer tout simplement par là. J’ai commencé par là aussi.
EST-CE QU’ON PEUT S’ENTRAINER A SENTIR AVEC UNE AMBIANCE, UN ENVIRONNEMENT OLFACTIF DANS LEQUEL ON VIT AU QUOTIDIEN ? PAR EXEMPLE EN CE MOMENT, ON RENTRE DANS L’HIVER ET ON COMMENCE A SENTIR UN PEU PARTOUT L’ODEUR DES MARRONS CHAUDS, GRILLES, DANS LA RUE.
F.G : Oui, c’est aussi ça. Si on n’a pas le temps de sentir les matières premières naturelles avec les épices, les agrumes ou autre, il y a aussi cet exercice, plus cérébral, lié à la mémoire, de se dire : « à quoi cette odeur me fait-elle penser ? ».
Quand on se retrouve devant un parfum peut-être que la première chose à se dire c’est : « ok, j’aime ou je n’aime pas ? ». Ça, de toute façon, c’est indéniablement quelque chose que l’on va faire, inconsciemment et automatiquement, quand on ne connaît pas quelque chose. Si je n’aime pas, je l’écarte et je peux en avoir peur comme je ne l’aime pas. Mais si je l’aime, la question que l’on peut se poser est assez simple : « qu’est-ce qui me plaît là-dedans ? », « est-ce que ça me rappelle quelque chose d’agréable ? », « est-ce que ça me rappelle un environnement que je connais ? ».
Ça peut être ce que tu dis : « ça, ça me rappelle le marron chaud qu’on fait griller dans la rue », ou « ça me rappelle les marrons chauds que cuisinait ma grand-mère ou mon grand-père », parce que, forcément, les parfumeurs l’ont sans doute déjà vécu et ont fait en sorte de retranscrire en odeurs ces sentiments-là dans un parfum. Alors c’est peut-être un peu nian-nian à dire, mais nous, les parfumeurs, comme on est des créateurs d’émotions quelque part, on va traduire ce que l’on a vécu en odeurs, transmettre des émotions dans un flacon. Ça rappelle forcément des émotions les parfums, parce que ce sont des mélanges d’émotions, il y a plein d’émotions dedans.
Après, ça parlera à ceux qui ont vécu la même chose ou pas d’ailleurs. Car finalement, l’émotion ou le ressenti que l’on a quand on sent un parfum, on va se l’approprier, le relier à sa propre vie, à son propre vécu. Par exemple, quand on veut créer une note vanillée, on y met une inspiration et une intention derrière, donc cette odeur va forcément faire rappeler à quelqu’un la crème brûlée que faisait sa grand-mère ou son grand-père ou son cousin, l’odeur du sucre vanillé qu’on utilise pour faire un gâteau, ou l’odeur de son gel douche à la vanille.
Je pense que c’est ça, « savoir sentir », c’est s’ouvrir à ses propres ressentis, à ses propres émotions, à son propre vécu.
QUELQUES HUMBLES CONSEILS POUR S’EXERCER A L’OLFACTION ET METTRE DES MOTS SUR UN PARFUM
Retrouvez nos humbles conseils pour affiner votre sens de l’odorat et vous essayer à la pratique de l’olfaction et de mettre des mots sur une odeur. Une affaire parfois intimidante, mais délicieuse.